Pour un nouveau contrat social et écologique
La situation sociale, politique, institutionnelle créée par l’obstination du Président de la République face au rejet massif de la réforme des retraites est particulièrement grave. Je plaide depuis longtemps pour une position d’apaisement de l’exécutif qui permette de sortir de l’impasse actuelle, en écartant les risques de réaction violente. C’est pourquoi, je me réjouis de l’appel de 140 économistes opposés à la réforme des retraites « pour un nouveau contrat social et écologique », paru ce 24 mars sur le site d’Alternatives économiques.
Après avoir observé que « la fracture sociale et démocratique est en mars à son comble et ce à propos d’une réforme des retraites qu’aucune urgence économique n’impose », ils concèdent qu’il faut « équilibrer, période après période, les comptes de la protection sociale et qu’il existe plusieurs moyens d’y parvenir ». Compte tenu de leurs avantages et défauts respectifs, il convient de « soupeser collectivement les uns et les autres dans un processus ouvert de discussion, qui prenne en compte non pas seulement la dimension comptable mais aussi les dimensions écologiques, sociales, économiques des mesures possibles ».
Selon eux, « ouvrir des discussions est donc aujourd’hui indispensable », non seulement pour « apaiser le corps social et renouer les fils de la démocratie sociale », pour « redonner à la représentation démocratique citoyenne, issue des urnes, une capacité d’action » – qui ne peut plus passer par des astuces constitutionnelles qui ne convainquent personne, mais aussi parce que « les ennemis de la démocratie et du bien commun sont nombreux à l’extrême droite, et attendent leur heure ».
Ouvrir des discussions ne serait pas, insistent-ils, une « reculade » mais, au contraire, une « respiration nécessaire ». Suspendre un texte qui met le feu aux poudres et est susceptible d’engendrer une crise incontrôlée serait un acte « courageux » et qui ne reviendrait pas à nier les problèmes mais à les voir en pleine connaissance de cause.
Ouvrir des discussions serait même une « avancée » si, comme il apparaît de plus en plus, les questions à débattre concernaient, au-delà de l’âge légal de la retraite, « la question du travail et de l’emploi à l’heure de l’anthropocène et de la nécessaire transition écologique », comme le Président de la République l’a lui-même esquissé lors de son déplacement à Bruxelles.
Dans ces conditions, ces économistes appellent à « suspendre immédiatement le processus de promulgation du Projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023 » et à « ouvrir dans la foulée des Assises nationales du travail, de l’emploi en vue de la transition écologique organisées de manière paritaire avec toutes les parties prenantes qui permettront de refonder notre contrat social pour les années à venir ».
Cela rejoint la position qui est la mienne depuis longtemps, telle que je l’ai notamment exprimée dans mon article du 24 février dernier. Je souhaite que les passions se calment et que la raison gagne les esprits au plus haut sommet de l’Etat. La solution est dans les mains d’Emmanuel MACRON qui doit tout faire pour regagner la confiance de nos concitoyens et éviter le pire.
Yves URIETA
Président de Convergence Républicaine
Ancien Maire de Pau
Membre honoraire du Conseil économique, social et environnemental