L’Etat contre les partenaires sociaux

L’Etat contre les partenaires sociaux

La réforme de l’assurance chômage, qui a lancé l’acte II du quinquennat, consiste, pour l’essentiel, à réduire l’accès aux allocations pour les plus précaires afin d’économiser 3,4 milliards d’euros. Elle n’a donc rien à voir avec la flexisécurité à la danoise promise en 2017 qui aurait impliqué, au contraire, une assurance chômage plus généreuse.

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Le gouvernement prend, il est vrai, peu de risques : les plus précaires ne descendent quasiment jamais dans la rue. Mais ceux qui pensaient qu’Emmanuel MACRON allait engager un tournant social après la crise des « gilets jaunes » en sont, à présent, pour leurs frais, comme on l’a déjà souligné ici. Cette réforme s’inscrit dans la continuité des politiques néolibérales appliquées dans la plupart des pays développés depuis quarante ans déjà. Elle n’a ainsi rien de très moderne ni de très original.

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Dans le cas de la France, elle marque cependant une rupture par rapport au consensus qui s’était formé au début des années 2000. Suite aux tensions causées par le passage aux 35 heures, on en était arrivé au constat largement partagé selon lequel il fallait développer la négociation entre syndicats et patronat pour gérer le social : la droite mettra en œuvre cette orientation avec la loi dite LARCHER de 2007, qui donne en théorie la priorité à la négociation sur la loi en matière sociale, et celle de 2008 sur la représentativité, visant à renforcer la position des syndicats de salariés ; François HOLLANDE poursuivra dans cette logique pendant les premières années de son quinquennat, avant de céder à l’insistance de son ministre de l’économie pour légiférer de façon autoritaire et non négociée avec la loi dite EL KHOMRI.

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Arrivé à la présidence, Emmanuel MACRON a accentué encore ce virage étatiste avec les ordonnances travail, enterrant de fait toute perspective de négociation entre syndicats et patronat à l’échelle nationale. Avec la réforme de l’assurance chômage, et demain celle des retraites, il poursuit sur sa lancée en mettant sur la touche les partenaires sociaux pour parachever l’étatisation de la protection sociale. Celle-ci étant désormais pilotée par un ministère des Finances obsédé avant tout – c’est dans sa logique – par la réduction des dépenses publiques.

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Au-delà de la remise en cause ainsi programmée de notre modèle social, une telle concentration des pouvoirs dans les seules mains de l’exécutif pose un problème démocratique majeur dans un pays où le Parlement lui-même – à commencer par l’Assemblée nationale – n’a guère son mot à dire sur les politiques menées. Cela vient aussi en contradiction avec le discours officiel sur l’écoute des citoyens et le rapprochement entre les gouvernants et les gouvernés.

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Yves URIETA
Président de Convergence Républicaine
Ancien Maire de Pau
Membre honoraire du Conseil économique, social et environnemental

Yves Urieta

1 Avis

  1. Pollatos 7 années ll y a

    On ne peut qu’approuver cet appel à la raison. Face au risque réel pose par l’extrême droite, la République doit être défendue. Merci Yves pour ton combat.

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