Les risques du compromis

Les risques du compromis

Les risques du compromis

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Elle ne le dit pas ouvertement comme Laurent BERGER mais elle le pense néanmoins très fort : la gauche macroniste crie « victoire ! ». Au terme du débat tendu de ces dernières semaines, Emmanuel MACRON les a entendus et a finalement accepté l’argument selon lequel il ne pouvait pas aborder la présidentielle de 2022 sans faire un signe à l’électorat de centre-gauche : « Si on ne topait pas avec la CFDT, on jetait ceux qui ont contribué à son élection de 2017 dans les bras de l’abstention en 2022 », dit l’un d’eux. Le Président de la République a donc topé.

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Il faut se réjouir des pas effectués de part et d’autre pour aboutir à un accord mais rien n’est réglé pour autant. La suite est désormais on ne peut plus incertaine : peut-on faire un signe à l’électorat de gauche sans prendre le risque de perdre celui de droite, pour qui la CFDT est un emblème… de ce qu’il ne faut pas faire ? Le chef de l’Etat a vu son « socle électoral » muter au cours du mandat : les deux tiers de ses électeurs du premier tour venaient du centre gauche, les deux tiers de son socle d’aujourd’hui sont au centre-droit.

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Comment parler aux premiers sans faire fuir les seconds, surtout quand la droite politique (Gérard LARCHER, Xavier BERTRAND, Bruno RETAILLEAU), affirme que c’en est fini de « MACRON réformateur » :

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  • il convient d’abord de bannir le mot « recul » : il ne s’agit pas de « concessions » mais d’un « compromis », a jugé Muriel PENICAUD sur RTL ; « tout le monde a évolué », insiste Edouard Philippe. Y compris la CFDT, qui reconnaît un problème budgétaire et accepte désormais de travailler à « l’équilibre » du système des retraites ;.
  • il importe ensuite d’insister sur le cadre de la future conférence: un calendrier resserré (fin avril), des pistes exclues (affecter la compétitivité des entreprises, baisser les pensions), un Premier ministre prêt à « prendre ses responsabilités » en cas d’échec. Dans la bataille pour l’opinion de droite, l’exécutif veut montrer qu’elle n’a renoncé qu’à un mot – « l’âge pivot » -, mais pas à l’essentiel.

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Depuis ses vœux, le chef de l’Etat martèle qu’il continuera les réformes : sur l’environnement, sujet cher à la gauche, et sur le communautarisme, sujet de préoccupation à droite. A ceci près que l’équation n’est plus aussi équilibrée qu’elle l’était en 2017. Si Emmanuel Macron ne doit pas se couper de sa gauche pour un futur second tour présidentiel, c’est à droite qu’il a le plus à perdre, puisque c’est là que se trouvent aujourd’hui ses soutiens. Si un socle peut muter une fois, le peut-il davantage ?

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Yves URIETA

Président de Convergence Républicaine

Ancien maire de Pau

Yves Urieta

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