Retraites : sortir du piège

Retraites : sortir du piège
Retraites : sortir du piège
Comme on le pressentait, le dossier de la réforme des retraites tourne à un affrontement entre les organisations syndicales et le gouvernement sous le regard des Français plutôt favorables au mouvement social : ce projet est rejeté par une majorité de nos concitoyens.
Qu’on le regrette ou qu’on s’en réjouisse, c’est le signe que la bataille de l’opinion a été perdue par l’exécutif. Ses arguments fluctuants, ses hésitations, la fébrilité de la majorité ont fini par plomber les tentatives d’explications qui ont été opérées alors même que l’opinion serait tout à fait réceptive à une réforme prenant en compte les aspects minimisés par le pouvoir, à savoir les autres sources de financement possibles et la promotion de l’emploi des séniors. L’accumulation des compensations consenties par le gouvernement sur l’emploi des femmes, les carrières longues, les petites retraites, etc., est la preuve, pour nos compatriotes, que ce projet ne peut être, en l’état, soutenu.
On se dirige donc vers une confrontation déterminée entre un pouvoir arc-bouté sur ses intentions et qui souhaite en finir au plus vite au Parlement, et un pays qui manifeste en masse contre ce projet, jusque dans les petites villes. Le divorce n’est donc pas loin d’être consommé. Tous les ingrédients sont même réunis pour que la situation dégénère sous l’influence des plus radicaux, au plus grand bénéfice d’un acteur en quête de respectabilité : le Rassemblement National.
Certes, le projet de loi peut aller au bout de la procédure parlementaire au prix d’un débat volontairement contraint en vertu du choix de l’article 47-1 de la Constitution, Mais dans quel état sera le pays après un tel étalage des désaccords entre le peuple et ses gouvernants ? Comment ne pas entendre les souffrances et les cris du monde du travail alors même qu’il faudra bien rassembler les citoyens pour faire face aux défis multiples qui sont devant nous ? On voit bien, là encore, qui pourrait tirer les marrons du feu…
Dans ce contexte, j’en appelle aux convictions républicaines de nos responsables : il convient de ne pas s’entêter lorsqu’un projet est à ce point désapprouvé. Le Président MACRON s’honorerait en suspendant l’examen de ce texte et en ouvrant un Grenelle des retraites durant lequel une vaste négociation pourrait s’engager en prenant en compte toutes les dimensions révélées par le conflit. Ce ne serait pas un abandon de toute réforme mais une option en faveur d’une réforme plus consensuelle. Il a ainsi l’occasion d’aller à l’encontre de son image de Président vertical et de pacifier les relations avec les Français d’ici la fin de son mandat.
C’est là, à mes yeux, la seule porte de sortie honorable qui s’offre à l’exécutif. Le sort de nos régimes de retraite, un des piliers de notre état social, mérite mieux que le spectacle qui est sous nos yeux. L’avenir dira si la raison finira par l’emporter.
Yves URIETA
Président de Convergence Républicaine
Ancien Maire de Pau
Membre honoraire du Conseil économique, social et environnemental
Yves Urieta

0 Avis

Laisser une réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*